Qu’est-ce qui fait notre bonheur ? Comment l’atteindre ? Pourquoi est-on heureux ? Et par quels moyens peut-on espérer l’être ? Aristote, philosophe grec, a amorcé l’idée que le bonheur était le but même de la vie humaine mais pas seulement. Il a affirmé que ce bonheur doit se trouver en soi-même mais aussi que le rapport à l’autre, et notamment l’amitié, sont des éléments importants pour l’atteindre.
Bien moins philosophique et bien plus récent, l’étude de la Harvard medical school, qui avait pour objectif de déceler ce qui maintient les gens heureux et en forme, met en avant que les bonnes relations nous rendent plus heureux et en meilleure santé. Bonne nouvelle non ?
Cette étude, qui a vu se succéder 4 directeurs dont le dernier Robert Waldinger, a débuté à la fin des années 30 et est une des plus longues études jamais menées. Pour tirer ses cotl’étude a eu pour objet 724 hommes, en prenant en compte leur travail, leur vie de famille, leur santé, etc. Et ceci pendant 75 ans ! De cette longue recherche en ressort 3 conclusions :
Les relations sociales sont bénéfiques
L’étude montre que les personnes proches de leurs amis, familles, communauté, avec qui ils partagent des moments et avec qui ils échangent sont plus heureux, en meilleure santé physique et vivent plus longtemps. Au contraire, la solitude semble toxique : les individus qui sont plus isolés que ce qu’ils aimeraient être sont moins heureux et leur santé décline. Ces personnes seules vivent moins longtemps et voient les capacités de leur cerveau baisser plus rapidement que celles ayant une vie sociale riche. Être entourés nous permettrait de nous sentir mieux mais aussi d’avoir une meilleure santé.
Ce n’est pas le nombre mais la qualité des relations qui compte
Peu importe le nombre d’amis que vous avez sur Facebook, votre quantité de followers sur Twitter ou d’abonnés sur Instagram, peu importe le nombre de personnes à qui vous direz bonjour ce soir en allant à une soirée ou la quantité de mains que vous serrerez en vous rendant à une conférence. Ce qui a le plus d’impact sur votre bonheur est la qualité de vos relations avec vos proches ! Vivre au milieu de bonnes et chaleureuses relations permet de se sentir protégé. Par exemple, les moments douloureux physiquement paraissent moins complexes à vivre grâce à nos relations, qui permettent de garder son humeur au beau fixe. Au contraire, être en permanence au milieu du conflit est néfaste pour la santé et les personnes seules vont voir leur douleur physique amplifiée par une douleur émotionnelle de ne pas être accompagnées dans cette épreuve. Il vaut donc mieux avoir quelques vrais amis plutôt qu’une multitude de connaissances.
Le bonheur c’est aussi avoir quelqu’un sur qui on peut compter
Même si on se chamaille de temps en temps, savoir que l’on peut compter sur l’autre en toutes circonstances est une grande aide pour être heureux mais aussi pour être en bonne santé. Les personnes seules ou accompagnées d’individu peu viable sont enclins à perdre la mémoire de manière plus précoce que les personnes qui ont trouvé leurs âmes soeurs qui, eux, ont une mémoire aiguisée qui le reste longtemps. Savoir que l’on partage sa vie avec une personne qui sera toujours là pour nous nous aide à entretenir nos souvenirs et à toucher au bonheur. Les bonnes relations ne font donc pas que protéger nos corps, elles protègent également nos cerveaux !
Les 7 facteurs à prendre en compte pour vieillir en bonne santé
7 facteurs majeurs prédictifs d’un vieillissement en bonne santé, à la fois physiquement et psychologiquement ont été définis lors de cette étude : éducation, mariage stable, ne pas fumer, ne pas abuser de l’alcool, faire de l’exercice, la sécurité de l’emploi en fin de carrière et avoir un poids santé.
- Sur les 106 hommes de Harvard qui avaient 5 ou 6 de ces facteurs en leur faveur à 50 ans, 50% se voyaient catégorisés comme étant dans un état de bonheur à 80 ans et seulement 7,5% comme «malade de tristesse»
- Sur les 106 hommes de Harvard qui avaient 3 facteurs de santé ou moins à 50 ans, aucun ne s’est retrouvé «heureux» à 80 ans
- Même s’ils étaient en bonne forme physique à 50 ans, les hommes qui avaient 3 facteurs de protection ou moins étaient 3 fois plus susceptibles de mourir à 80 ans, comme ceux avec 4 facteurs ou plus.
Les bonnes relations aident au niveau professionnel
- Les 58 hommes qui ont obtenu les meilleurs scores sur les mesures de «relations chaleureuses» gagnaient en moyenne 141 000 $ de plus par an avec leurs salaires les plus élevés (généralement entre 55 et 60 ans) par rapport aux 31 hommes qui avaient les scores les plus bas
- Les 58 hommes qui ont obtenu les meilleurs scores sur les mesures de «relations chaleureuses» étaient 3 fois plus susceptibles d’avoir connu un succès professionnel digne d’être inclus dans Who’s Who
- 93% des hommes prospères à 65 ans avaient été proches d’un frère ou d’une soeur plus jeunes
Ces données et les conclusions tirées de cette étude ont amené Robert Waldinger à penser que “une belle vie est construite avec de belles relations”. Et c’est pourquoi, lors de la conférence TEDxBeaconStreet, il conclut son intervention en donnant quelques conseils pour favoriser les relations solides :
- pensez à remplacer vos interactions via les écrans par des temps d’échange avec d’autres personnes
- prenez le temps de raviver une vieille relation en faisant quelque chose de nouveau ensemble
- compenser la perte de collègue lors de votre départ à la retraite par la rencontre de nouvelles personnes
- décidez-vous à rappeler un membre de votre famille avec qui vous n’avez pas parlé depuis longtemps, …
Car si ces relations sont si importantes, elles peuvent être complexes ! Nous retiendrons que le lien social influence largement notre bonheur, mais aussi notre santé. Et que pour avoir une belle vie, le mieux est de trouver une personne, ou plusieurs pourquoi pas, sur qui on peut vraiment compter. D’ailleurs, lorsque l’ONU mesure le bonheur d’un pays, elle compte parmi ses 6 critères “la possibilité d’avoir quelqu’un sur qui compter” !
Si cette longue étude à permis d’affirmer ou de confirmer que les relations que nous entretenons les uns avec les autres sont des leviers directs vers notre bonheur, celle-ci n’est pas inclusive : pour rappel, l’étude avait prit pour échantillon plus de 700 hommes. Pour qu’elle soit plus complète et générale, les chercheurs ont choisi d’étudier les enfants de leurs anciens “objets d’étude”.
Vivement les résultats !